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Littéraure - Blog Posts

11 years ago

Chaque fois que les liens familiaux se défaisaient, chaque fois qu'on se dressait contre son semblable, l'Histoire se répétait. Douloureusement, impitoyablement, dans un entre-soi subsaharien. La traite négrière était à inscrire au patrimoine tragique du genre humain. Parce qu'elle avait impliqué des régions différentes du monde. Parce que les bourreaux n'avaient pas été que d'un seul côté. Parce qu'elle était, à cette échelle-là, le premier crime contre l'humanité dont on ait gardé trace. Celui qui trop longtemps ignoré, avait engendré les autres. Une fois qu'on avait réduit des humains à cela, qu'hésiterait-on à commettre? Devant quoi reculerait-on? Aux quatre coins du monde on se surpasserait pour défier l'horreur. La zone subsaharienne du Continent était concernée au premier chef. Elle avait été la source unique du trafic. On ne s'étaient pas servi ailleurs. Et depuis, les rapports de cette région avec le reste du monde demeuraient les mêmes. Elle était le puits sans fond d'où les autres tiraient leur croissance. Et, comme par le passé, il se trouvait toujours une main autochtone pour participer au crime. Les soulèvements populaires observés çà et là, loin du regard de la Communauté internationale, ne venaient jamais à bout des régimes scélérats. Le mal venait de loin.

Léonora Miano, Les aubes écarlates. Sankofa cry. Plon, 2009.


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