La précarité est la condition que plusieurs nouveaux mouvements sociaux combattent. De tels mouvements ne tentent pas de dépasser l’interdépendance ni même la vulnérabilité quand ils combattent la précarité; ils tentent plutôt de produire les conditions dans lesquelles la vulnérabilité et l’interdépendance deviendront vivables. Il s’agit d’une politique dans laquelle l’action performative prend des formes incarnées et plurielles en attirant l’attention critique sur les conditions de survie corporelles et du bien-être dans le cadre d’une démocratie radicale. Si je dois vivre une vie bonne, ce sera une vie bonne vécue avec les autres, une vie qui ne serait pas une vie sans ces autres. Je ne perdrai pas ce moi que je suis ; qui que je sois, mon moi sera transformé par mes relations avec les autres, puisque ma dépendance à l’égard de l’autre, est l’essence même de cette dépendance sont nécessaires pour vivre et vivre bien. Notre exposition commune à la précarité constitue le terrain partagé d’une égalité potentielle et nos obligations réciproques de produire ensemble des conditions de vie vivables. En reconnaissant le besoin que nous avons les uns des autres, nous reconnaissons tout aussi bien les principes de base qui informent les conditions sociales, démocratiques de ce que nous pourrions continuer à appeler la "vie bonne". Ce sont les conditions critiques de la vie démocratique, au sens où elles appartiennent bien à la crise en cours mais aussi au sens où elles appartiennent à une forme de pensée et d’action qui répond aux urgences de notre temps.
Judith Butler, Qu'est-ce qu'une vie bonne?, Manuels Payot, 2014.
Paris, 18 octobre 2013, 13.00, les lycéens sont dans la rue pour protester contre la stratégie du gouvernement qui consiste à spectaculariser les reconduites à la frontière des immigrés continuant ainsi fragiliser les plus vulnérables.
Pour "écrire notre monde différemment", pour échapper aux diktats de la croissance, du développement et des projections des Institutions internationales telles que le FMI ou la Banque Mondiale, le dernier numéro du bulletin de Chimurenga, Chimurenga chronic convoque la science-fiction et l’illustration.
Comme d’habitude très prolixe, Chimurenga qui avait édité en 2008, Doctor Santan Echo Chamber, revient sur le potentiel de la SF, pour rendre compte du présent du continent africain et se projeter dans des futurs alternatifs.
http://www.chimurenga.co.za/
Etrange scénario que celui des prochaines élections au Burkina Faso : comme au Sénégal il y a 2 ans, 1 Chef d'État tente de modifier via référendum l'article 37 de la Constitution pour pouvoir se représenter, sur fond de contestation sociale. La société civile s'organise, les rappeurs sénégalais Thiat et Kilifeu qui avaient initié la médiatisation du mouvement d'opposition qui devait aboutir au départ de l'ancien Président au Sénégal prêtent main forte au mouvement le Balai Citoyen qui en mixant rap et participation à la vie de la Cité, lui ressemble étrangement. A voir le reportage réalisé par Droit Libre TV sur cette rencontre et à suivre l'actualité du Burkina Faso. Elections présidentielles en 2015.
Image : La photo de l'américain John Stanmeyer qui a remporté le World Press Photo 2013 *
Depuis quelques jours le titre de ce terrible « fait divers » circule dans la presse et les réseaux sociaux liés aux questions de droit d'asile et d'immigration.
Après vingt-cinq jours de voyage en mer et arrivés à Marseille le 10 décembre, deux jeunes guinéens font une demande d'asile qui leur est refusée par la Police Aux Frontières avec notification de refus d'entrée sur le territoire. Les deux jeunes hommes sont immédiatement remis dans un bateau qui est censé les ramener à leur point de départ. C'est en tentant de s'échapper à la nage qu'un des deux meurt par noyade, à l'entrée du port de Marseille.
Je repense à ce passage dans Pour la paix perpétuelle d’Emmanuel Kant : « Hospitalité signifie le droit qu’à un étranger arrivant sur le territoire d’un autre de ne pas être traité en ennemi par ce dernier [...], le droit qui revient à tout être humain de se proposer comme membre d’une société, en vertu du droit à la commune possession de la surface de la Terre, laquelle, étant une sphère, ne permet pas aux hommes de se disperser à l’infini, mais les contraint à supporter malgré tout leur propre coexistence, personne, n’ayant plus qu’un autre le droit de se trouver en un endroit quelconque de la terre ».
Je repense à ce passage de L'Intrus de Jean-Luc Nancy : « L'intrus s'introduit de force, en tous cas sans droit ni sans avoir d'abord été admis. Il faut qu'il y ait de l'intrus dans l'étranger, sans quoi il perd son étrangeté. S'il a déjà droit d'entrée et de séjour, s'il est attendu et reçu sans que rien de lui reste hors d'attente ni hors d'accueil, il n'est plus l'intrus, mais il n'est plus, non plus, l'étranger. Aussi n'est-il ni logiquement recevable, ni éthiquement admissible, d'exclure toute intrusion dans la venue de l'étranger. […] Accueillir l'étranger, il faut bien que ce soit aussi éprouver son intrusion. »
Je repense à La Blessure, le film de Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval qui ne nous épargne ni le non respect par la Police des droits élémentaires des demandeurs d’asile, ni la violence qui accompagne les reconduites, ni l’errance qui sera le sort de ceux qui pourront finalement rester.
Je repense à Abasse NDione et son roman Mbëkë mi. A l’assaut des vagues de l’Atlantique. témoignage de ceux qui ne veulent pas être la variable d’ajustement dans leur pays mais qui ce faisant endossent le statut de damnés de la terre.
Combien de films, de livres, d’images faudra-t-il encore produire pour rendre insupportable le fait de mourir pour avoir refusé l’assignation à la misère?
La photo de l'américain John Stanmeyer, illuminée uniquement par le clair de lune et les écrans de téléphones portables, a été prise en février 2013 sur une plage de Djibouti, lieu de transit des migrants en provenance de la Somalie, de l'Éthiopie ou de l'Érythrée. La photo de John Stanmeyer «est connectée à tant d'autres sujets: elle ouvre la discussion au sujet des technologies, de la mondialisation, des migrations, de la pauvreté, de l'aliénation, d'humanité», a déclaré un membre du jury, Jillian Edelstein.
Images: makerfaire Africa, Lagos, atelier Hackidemia.
« Les mouvements d'ouverture qui ont caractérisé le web (open source, open innovation, open data, open science, open education) ne concernent plus seulement une avant-garde de programmeurs idéalistes. Ils ont donné naissance, notamment sur les campus américains, à une nouvelle culture de la transmission, de l'apprentissage et de l'innovation. Ils bouleversent aujourd'hui jusqu'aux organisations les plus rigoureuses, y compris la recherche scientifique. De nombreuses activités il y a peu très élitistes, doivent désormais apprendre à s'adresser au plus grand nombre et à puiser dans la force créatrice de ce grand nombre. » François Taddei
Hackidemia est un principe de « laboratoire mobile » conçu par Stefania Druga, qui a pour objectif de familiariser les jeunes enfants et les adolescents aux sciences et aux technologies numériques par l’appropriation directe et le jeu. Pour Stefania Druga, qui a été formée à l’ingénierie pédagogique au Centre de Recherches Interdisciplinaires de l’Université de Paris Descartes dirigé par François Taddei, il est important que les enfants mettent « la main à la pâte », expérimentent, créent des robots et des prototypes pour découvrir et comprendre comment ça marche. C’est le passage idéal pour pouvoir accéder par la suite à des technologies plus complexes. Savoirs-faire partagés, créativité, mutualisation, propagation virale sont les bases de son organisation.
J’ai pu voir Stéfania à l’œuvre à Lagos l’année dernière pendant la Makerfaire Africa lors d’ateliers remarquablement bien menés. Elle revient -au sein d'un groupe élargi- avec le projet Afrimakers qui vise à ouvrir des hubs de formation dans sept villes en Afrique l’année prochaine et lance une campagne de crowdfunding. A suivre donc...
Future Sound of Mzansi - Documentary Trailer Johannesburg, ville mélomane, productrice de la première musique électronique du continent, le Kwaito, héritière revendiquée de l'Afrofuturisme avec Spoek Mathambo en figure de proue, scène de théâtre du ballet pantomime de musiciens dégingandés à l'instar d'un dj spoko. Tout cela méritait bien un film. Nthato Mokgata (aka Spoek Mathambo) s'y est attelé et on attend avec impatience de le voir en France.
Video out now on www.Nowness.com #64bitsandmalachite
"Of whom and of what are we contemporaries? And, first and foremost, what does it mean to be contemporary?" Giorgio Agamben, Qu’est-ce que le contemporain?, Paris, Rivages, 2008. Photo: Icarus 13, Kiluanji Kia Henda
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