Aimer quelqu'un, c'est le lire. C'est savoir lire toutes les phrases qui sont dans le cœur de l'autre, et en lisant le délivrer. C'est déplier son cœur comme un parchemin et le lire à haute voix, comme si chacun était à lui-même un livre écrit dans une langue étrangère.
-Christian Bobin.
Délivrer les sources, célébrer les silences et leur ouvrir les ailes, crier la vie muette, timide, désarmée, ameuter les rêves, marcher dans le fil du jour, maintenir le cœur sur le cadran solaire, divulguer l'amitié, créer dans la torsion de l'être, ravir le secret vital.
-Colette Nys-Mazure
Souvent! je voyage et je quitte la terre,
Pour conquérir l'espace de ton cœur,
Et bâtir un univers juste pour toi,
Pour te faire vivre chaque instant de ma pensée,
Afin que tu puisses comprendre,
Et savoir que tu es mon rêve,
Si le rêve pourrait nous réunir,
Je fermerai mes yeux toute la vie.
Tu viendras dans mon âme avec un grand air triste,
J'entends des voix chanter dans la longueur des jours,
J'entends des chants lassés qui finissent toujours,
Et le ciel s'assombrit comme un cœur qui s'attriste.
Il nous faudra longtemps, purs et silencieux,
Qui nous sommes venus les derniers dans les choses,
Deviner la détresse au fond des âmes closes,
Et voir la solitude au fond de tous les yeux.
Henri Barbusse.
L'au revoir.
Je n'ai jamais su faire offrande aux départs,
Les souvenirs me peinent autant qu'ils m'emprisonnent,
Usé par tant de plaintes qui n'éclosent nulle part,
Je sens gémir en moi ce cœur qui s'empoisonne.
Il me faudra pourtant te dire au revoir,
A toi comme à ceux qui m'ont aimé un peu,
Et sous un ciel défait, allègre à décevoir,
Mon pas se fera lent, sévère et langoureux.
Je mourrai sous ce jour comme bien des fois passées,
Enterrant en silence des années disparues,
Je léguerai aux cieux des cendres entassées,
Les reliques éternelles d'un chemin parcouru.
Je n'ai jamais su faire autrement que mendier,
Aux astres impassibles une destinée heureuse,
Et dans la solitude d'espoirs incendiés,
Je caresse des cendres, sombres et radieuses...
Ô larmes insensées qui durcissent mes jours,
Innocentes jeunesses, habillant ma mémoire,
Vous brillez comme des fleurs et m'emportez toujours,
Quand est venu le temps de vider les armoires !
Stéphane Meuret.
S'il t'importe peu de savoir si ton souvenir me reste ou non, il m'importe à moi, aujourd'hui que ton spectre s'efface déjà et s'éloigne devant moi, de te dire que rien d'impur ne restera dans le sillon de ma vie où tu as passé, et que celui qui n'a pas su t'honorer quand il te possédait, peut encore y voir clair à travers ses larmes et t'honorer dans son cœur, où ton image ne mourra jamais.
Correspondance de George Sand et Alfred de Musset.
Le cœur d’une femme ne change pas avec le temps et ne varie pas avec les saisons. Le cœur de la femme agonise longuement mais ne meurt pas.
Le cœur d’une femme ressemble à une forêt que l’homme prend pour un champ de batailles et de massacres.
Il arrache les arbres, brûle les herbes, éclabousse ses rochers de sang et sème son sol de crânes.
Cependant, cette forêt reste calme, sereine et paisible.
Le printemps y est toujours le printemps et l’automne toujours l’automne, jusqu’à la fin des temps.
Khalil Gibran
J’ai appris qu’il y a des amours impossibles, des amour inachevés, des amours qui pouvaient être et n’ont pas été.
J’ai appris qu’une trainée brûlante est préférable, même si elle laisse une cicatrice: mieux vaut l’incendie à un cœur en hiver.
Ferzan Ozpetek.
Les mots du silence sont des mots très rares qu’on ne trouve dans aucun livre, qui restent longtemps coincés dans la poitrine, qui se glissent parfois jusque dans la gorge mais n’arrivent pas jusqu’à la bouche.
Les mots du silence ne sont pas faits pour être entendus avec les oreilles.
Les mots du silence se murmurent avec des gestes infimes et des mimiques immobiles, ils se lisent avec les yeux fermés, s’écoutent avec le cœur, se gardent au profond de soi, dans la douceur des émotions.
Jacques Salomé.