Ce matin sur France Culture l’économiste français, Nicolas Baverez, présentait son dernier ouvrage écrit sur le mode du roman d’anticipation, Lettres béninoises, dans lequel en 2040, un béninois, premier africain à diriger le FMI raconte à ses proches l’état de récession dans lequel il trouve la France. Comme en réponse, le journaliste Xavier De La Porte opposait un autre scénario anticipateur défendu par les Singularistes : celui d’une post-humanité dans laquelle l’humain aurait considérablement augmenté ses capacités en fusionnant avec les machines. Ce scénario est aujourd’hui réellement développé au sein de la Singularity University, elle-même portée par Google, la NASA et Ray Kurzweil, un scientifique/homme d’affaire/visionnaire.
A l’écoute de l’émission, je me suis demandé qu’elle était la place accordée au final à l’Afrique dans ces deux scénarii et à quoi pouvait-elle servir?
En fait, dans le premier, Lettres béninoises, l’Afrique fait partie d’un dispositif qui doit fonctionner comme un électrochoc pour que justement le scénario d’une faillite de la France n’advienne pas et dans le second, elle est totalement absente, du moins dans la façon dont Xavier De La Porte a monté sa chronique.
Cette absence contraste avec à la récente campagne L’Afrique connectée de Google qui se place comment étant au cœur du développement de l’Afrique. A travers une série de vidéos, Google montre comment des entrepreneurs africains « réussissent » professionnellement grâce justement aux outils du web et à Google.
Pourtant, à faire défiler les films très courts de la campagne, il en ressort une impression d’uniformisation qui s’oppose singulièrement à cette notion de Singularité défendue par la firme internationale et qui me fait penser que -quand même- Google défend une vision totalitaire d’un monde dans lequel nous devrions tous ressembler à l’idée qu’elle se fait du futur à savoir : un monde de technocrates blancs, masculins et singulièrement âgés.
Face à ces deux positions qui au final évacuent l'idée d'une participation active de l'Afrique, il me semble que la science-fiction africaine a un rôle à jouer. Celui d’écrire des histoires dans lesquelles il n’est fait table rase ni du passé, ni de la différence, ni de l’empathie, ni de la Nature et de la magie. Un monde multiple et donc chaotique mais singulièrement vivant.
New Kenyan Sci-Fi Series Imagines Immigration In Reverse, As Africa Becomes World’s Oasis
At a time when Africa receives 50,000 Greencard Lottery wins each year to migrate to the US alone, this new production series seeks to address ongoing immigration issues within the world. It is also expected to change the negative portrayal of Africa as a poverty stricken continent to that of an avenue for development, of which, would gradually discourage youth from seeking “greener pastures” abroad. As the brain child of Dr. Marc Rigaudis, directed by Cherie Lindiwe from USIU, the new plot revolves around a young couple embarking on a treacherous journey to reach mankind’s last cradle of hope, Africa. However, the couple must beat the impossible odds, experience great sacrifice yet keep their faith before their goal can be achieved.
H/T Shadow and Act
En 2005, onze ans après l’élection de Nelson Mandela et l’arrivée au pouvoir de l’ANC, quelques centaines de femmes et d’hommes habitant le bidonville de Kennedy Road à Durban (KwaZuluNatal) décidaient de se mobiliser contre la promesse non tenue par la municipalité de leur fournir des logements salubres. Ils marquaient ainsi l’acte de naissance d’Abahlali baseMjondolo (AbM), en Zulu « les habitants des bidonvilles », un mouvement de la base et pour la base (grass root) qui allait bientôt devenir la plus grande organisation sociale militante autonome d’Afrique du Sud. Sur le mode de ce que sera Occupy, quelques années plus tard : occupation de l’espace urbain, dénonciation des privilèges d’une élite au détriment du peuple, expérience de fonctionnement démocratique, le mouvement va très vite s’organiser pour devenir un laboratoire de la contestation de la gestion libérale du gouvernement.
Un film, Dear Mandela, sorti en 2012, documente la lutte de ces femmes et de ces hommes et revient sur ce qui est leur plus grande victoire : le droit des pauvres à parler en leur nom 1.
Si le titre du film fait explicitement référence à Nelson Mandela c’est que, vivant, il incarne la question de l’apartheid et représente encore un rempart symbolique contre ses résurgences dans la société sud-africaine contemporaine. Le Black Economic Empowerment program (BEE) mis en place en 2001et visant à réparer les inégalités raciales a contribué à l’émergence d’une classe moyenne et d’une bourgeoise noire mais n’a pas permis à la grande majorité de sortir de la misère. Pire encore, l’entrée de l’Afrique du Sud dans l’économie néolibérale au début des années 2000 a eu pour conséquence immédiate la transformation d’une grande partie de la population en une classe de parias faisant, comme le dit Achille Mbembe dans l’introduction de son nouvel ouvrage Critique de la raison nègre, « l’objet de relégation dans une ‘humanité superflue’, livrée à l’abandon, et dont le capital n’a guère besoin pour son fonctionnement » 2. Relégation qui s’est opérée sous une forme de séparation spatiale consistant à cacher les pauvres loin des villes et des centres économiques.
C’est d’abord pour dénoncer et combattre cette nouvelle forme d’apartheid que s’est formé Abahlali baseMjondolo. Qualifiée de « Troisième force » en référence aux manipulations autrefois orchestrées par le gouvernement de l’apartheid pour diviser la population noire, AbM par la voix de son leader Sibusiso Innocent Zikode (ou S’bu Zikode), s’est approprié la référence pour dénoncer une criminalisation de la pauvreté qui passe encore par une rhétorique malheureusement bien connue. Mais aussi pour annoncer qu’ils ne déposeront pas les armes avant qu’une quatrième force advienne prenant en compte le droit des plus fragiles et des plus pauvres à accéder à une vie meilleure.
”Nous sommes animés par la Troisième Force, celle de la souffrance des pauvres. Ceux qui nous ont trahi sont la deuxième force. La première force a été notre lutte contre l’apartheid. La Troisième Force s’arrêtera lorsque la quatrième force viendra. La quatrième force c’est la terre, le logement, l’eau, l’électricité, les soins de santé, l’éducation et le travail. Nous ne demandons que le fondamental - et non le luxe. C’est la lutte des pauvres. Il est temps que les pauvres eux-mêmes démontrent que l’on peut être pauvre dans la vie, mais pas en soi.” S’bu Zikode 3
La Constitution sud-africaine
Article 26. logement
Chacun a le droit d’avoir accès à un logement convenable. L’Etat doit prendre les mesures législatives et toutes autres mesures raisonnables, compte-tenu des ressources disponibles, pour parvenir à la réalisation progressive de ce droit. Nul ne peut être expulsé de sa maison ou voir sa maison démolie, sans une ordonnance du tribunal rendue après examen de toutes les circonstances pertinentes. Aucune loi ne peut autoriser d’expulsions arbitraires. 4
Le film tourné entre 2007 et 2010 documente le combat le plus emblématique d’AbM qui sera de s’opposer au Slums Act - un arêté de 2007 visant à éradiquer les bidonvilles péri-urbains dans le KwaZulu-Natal. La victoire en 2009 sera là encore marquée par la figure tutélaire de Nelson Mandela lorsque la cour suprême de Johannesburg jugera le Slums Act non conforme à la Constitution qui fut promulguée en 1996 par le « Père de la Nation ».
Mais le mouvement ne s’est pas seulement mobilisé pour le droit des pauvres à la ville. Il a mis en place une politique d’autogestion sociale apportant un soutien matériel réel aux habitants des bidonvilles. Nourri par une démarche intellectuelle radicale notamment grâce à son premier président S’bu Zikode, intellectuel autodidacte et à des intellectuels sud-africains qui ont très tôt rejoint le mouvement tels que Nigel Gibson ou Richard Pithouse, il a donné corps à une université qui prône l’accès à la connaissance par un aller-retour constant entre le « savoir » et le « faire ». Au cours de ces séances de leaving learning, Jacques Rancière et Frantz Fanon mais aussi toutes les luttes d’émancipation de par le monde, sont invoqués et servent de base de réflexion aux revendications de dignité, de reconnaissance, d’égalité et d’éducation qui sont portées comme autant d’actes politiques. Car c’est bien le terrain politique qu’AbM compte occuper quand il brandit le slogan : « Sans terre, ni toit, pas de vote ».
Comme le montre bien le film, le mouvement a fait l’objet de constantes tentatives d’intimidations et de menaces réelles de dislocation, ce qui a eu pour un effet un relatif affaiblissement ces dernières années. Mais il fait de nouveau parler de lui comme l’atteste sa page Facebook et continue surtout de prendre part activement aux revendications sociales qui secouent la nation arc-en-ciel.
Dans un récent et beau portrait fait de lui, Sibusiso Innocent Zikode annonce à qui veut bien l’entendre ” Le premier Nelson Mandela était Jésus-Christ. Le deuxième, Nelson Rolihlahla Mandela. Le troisième Nelson Mandela est « tous les pauvres du monde.” 5
Abahlali baseMjondolo prouve qu’il est possible de mener le combat contre les formes les plus oppressives de gouvernement des hommes qu’elles soient politiques ou économiques. C’est la meilleure nouvelle de ce film qui doit circuler et la médiatisation du mouvement avec 6.
A lire aussi : Sabine Cessou, « Trois émeutes par jour en Afrique du Sud », Le Monde diplomatique, mars 2013.
Notes
Dear Mandela • Réalisateurs : Dara KELL et Christopher NIZZA • Afrique du Sud / USA • 2012 • 93 minutes • Anglais / Zoulou • www.dearmandela.com ↩︎
Achille MBEMBE, Critique de la raison nègre, La Découverte, octobre 2013. ↩︎
« We are driven by the Third Force, the suffering of the poor. Our betrayers are the Second Force. The First Force was our struggle against apartheid. The Third Force will stop when the Fourth Force comes. The Fourth Force is land, housing, water, electricity, health care, education and work. We are only asking what is basic – not what is luxurious. This is the struggle of the poor. The time has come for the poor to show themselves that we can be poor in life but not in mind. » S’bu Zikode. http://abahlali.org/?p=17 ↩︎
Article 26 de la Constitution sud-africaine ”_26. Housing « Everyone has the right to have access to adequate housing. The state must take reasonable legislative and other measures, within its available resources, to achieve the progressive realisation of this right. No one may be evicted from their home, or have their home demolished, without an order of court made after considering all the relevant circumstances. No legislation may permit arbitrary evictions. » ↩︎
« The first Nelson Mandela was Jesus Christ. The second was Nelson Rolihlahla Mandela. The third Nelson Mandela are the poor people of the world. » ↩︎
Le film a beaucoup tourné dans les festivals et les réalisateurs espèrent le diffuser plus en Afrique, au Mali notamment. Voir la page Facebook : https://www.facebook.com/dearmandela ↩︎
Ideas for a substantial contemporary garage renovation
Craftsman Garage - Large Inspiration for a large craftsman attached three-car garage remodel
Sun Room - Traditional Sunroom Example of a large classic sunroom design
Stone Exterior in Austin
Large, conventional, detached three-car garage design
Large in San Francisco Example of a large transitional concrete floor and gray floor wine cellar design with display racks
Garage - large contemporary attached three-car garage idea
Large in Sussex Inspiration for a sizable, contemporary sunroom renovation with a glass ceiling and a gray floor.
Wine cellar: a sizable craftsman-style wine cellar idea with a black floor and display racks
Sun Room - Large Example of a large trendy porcelain tile and multicolored floor sunroom design with a standard ceiling
Large Scandinavian sunroom design with a light wood floor and a regular ceiling.
Philadelphia Sun Room Large Idea for a large, transitional sunroom with a medium-tone wood floor and a brown floor, a standard fireplace, a stone fireplace, and a standard ceiling.
Sun Room Austin Large transitional concrete floor and gray floor sunroom photo with a standard ceiling
Sun Room Large Sunroom - large transitional sunroom idea with a glass ceiling and a dark wood floor.